Selon l’ADEME (Agence de l’Environnement et de la Maîtrise de l’Énergie), les murs peuvent être responsables de 20 à 25 % des déperditions de chaleur dans une maison non isolée construite avant 1974. Face à ce constat, optimiser l’isolation de son habitat devient une priorité, tant pour le confort que pour le portefeuille.
Parmi les solutions performantes et de moins en moins invasives, l’isolation par injection sort du lot. Cette technique, qui consiste à combler les vides avec un matériau isolant, offre une réponse efficace pour traiter les parois difficiles d’accès sans engager de travaux de démolition lourds. Plongeons au cœur de cette méthode pour en découvrir les secrets, l’efficacité, les applications et les aides financières disponibles.
En quoi consiste l’isolation par injection ?
L’isolation par injection est une technique d’isolation thermique (et parfois acoustique) qui permet de remplir des cavités ou des espaces vides au sein de la structure d’un bâtiment.
Le principe est simple mais ingénieux : un matériau isolant, sous forme de granulés, de billes, de fibres ou de mousse expansive, est introduit sous pression dans l’espace à traiter. Pour ce faire, des trous de petit diamètre sont percés à intervalles réguliers dans la paroi qu’elle soit extérieure ou intérieure. Une buse d’injection, reliée à une machine spécifique, est ensuite insérée dans ces orifices pour diffuser l’isolant de manière homogène.
Une fois l’injection terminée, l’isolant se répartit et comble l’intégralité du vide, épousant parfaitement les contours et enrobant les éventuels obstacles comme les gaines électriques ou les tuyauteries. Cette capacité à remplir intégralement l’espace visé est l’un des atouts majeurs de la technique, car elle permet de créer une barrière isolante continue, limitant significativement les ponts thermiques. Après l’opération, les trous d’injection sont soigneusement rebouchés pour restaurer l’aspect initial de la paroi.
Plusieurs types d’isolants peuvent être utilisés, chacun ayant ses propres caractéristiques :
- Les billes de polystyrène expansé (PSE) graphitées ou non.
- La ouate de cellulose.
- La laine de roche ou la laine de verre en vrac.
- Les mousses résoliques ou de polyuréthane.
Le choix du matériau dépendra de la nature de la paroi, de l’épaisseur de la cavité, des performances thermiques recherchées et du budget.
Dans quels cas utilise-t-on généralement l’isolation par injection ?
L’isolation par injection se révèle particulièrement adaptée et efficace dans plusieurs configurations, notamment lorsque les méthodes d’isolation traditionnelles comme la pose de panneaux isolants s’avèrent complexes, voire impossibles à mettre en œuvre sans travaux conséquents. Elle est une solution de choix pour la rénovation thermique des bâtiments existants, car elle préserve l’intégrité des structures et minimise les désagréments pour les occupants.
Isolation par injection dans les murs
L’isolation des murs par l’intérieur sans doute l’application la plus courante de cette technique. L’isolation par injection dans les murs concerne principalement les murs creux, typiques de nombreuses constructions anciennes, souvent des années 1920 aux années 1980. Ces murs sont constitués de deux parois (par exemple, une paroi extérieure en briques ou en parpaings et une contre-cloison intérieure en briques plâtrières ou en parpaings) séparées par une lame d’air de quelques centimètres. Cette lame d’air, si elle n’est pas isolée, est une source importante de déperditions thermiques par convection et rayonnement.
L’opération consiste à injecter un isolant dans les murs pour combler cette cavité. Des trous sont percés depuis l’extérieur ou, plus rarement, depuis l’intérieur si la façade présente des contraintes particulières (revêtement spécifique, impossibilité d’accès, etc.). Les billes de polystyrène expansé, souvent additionnées d’un liant, sont fréquemment utilisées pour cette application en raison de leur fluidité, de leur durabilité et de leur résistance à l’humidité. La laine de roche en vrac ou la ouate de cellulose peuvent également être employées.
Isolation par injection entre mur et cloison en briques
Il s’agit typiquement d’une configuration de mur creux où la paroi intérieure est une cloison en briques. La procédure reste la même : percer des orifices discrets et insuffler l’isolant pour remplir l’espace vide entre le mur porteur extérieur et cette cloison. Il est cependant crucial, au préalable, de s’assurer de l’état du mur creux.
Il doit être suffisamment large (généralement au moins 5 cm), ne pas être encombré de gravats qui pourraient bloquer la diffusion de l’isolant, et la paroi extérieure doit être en bon état et suffisamment perméable à la vapeur d’eau pour éviter les problèmes de condensation.
Isolation par injection derrière le placo
L’injection d’isolant derrière le placo (plaques de plâtre, souvent de type BA13) est une autre application pertinente, bien que potentiellement plus complexe à diagnostiquer et à réaliser. Elle est envisageable lorsqu’un vide d’air existe entre la plaque de plâtre et le mur porteur. Ce cas de figure peut se présenter dans plusieurs situations :
- Anciennes rénovations où un doublage sur ossature a été réalisé sans isolation ou avec une isolation devenue inefficace avec le temps.
- Constructions où un vide technique a été laissé intentionnellement mais n’a pas été pourvu d’isolant.
Avant d’envisager d’injecter un isolant derrière le placo, une inspection minutieuse est nécessaire, souvent à l’aide d’une caméra endoscopique, pour vérifier la présence et la taille du vide, l’absence d’humidité excessive, et l’état général de la structure. Si le vide est confirmé et accessible, l’injection peut être réalisée en perçant de petits trous directement dans les plaques de plâtre. Ces trous seront ensuite rebouchés et une reprise de la finition (peinture, papier peint) sera nécessaire.
Les isolants légers en vrac comme les billes de polystyrène ou la ouate de cellulose sont généralement privilégiés pour ne pas exercer une pression excessive sur les plaques de plâtre.
Au-delà de ces cas principaux, l’isolation par injection peut aussi être utilisée pour isoler des planchers bas (vides sanitaires difficiles d’accès), des plafonds entre étages si une cavité existe, ou des caissons de volets roulants.
Les avantages et les limites de l’isolation par injection
Comme toute technique, l’isolation par injection présente un ensemble d’avantages significatifs, mais aussi certaines limites qu’il convient de connaître avant de se lancer dans un tel projet.
Les avantages de l'isolation par injection
Cette méthode présente de nombreux atouts qui en font une solution performante et adaptée à diverses configurations de bâtiment.
- Efficacité thermique : En remplissant intégralement les vides, l’isolant injecté crée une barrière thermique continue qui supprime ou réduit considérablement les ponts thermiques. Cela se traduit par une amélioration notable du confort (moins de parois froides, température intérieure plus stable) et une réduction des besoins de chauffage en hiver et de climatisation en été.
- Adaptabilité aux zones difficiles d’accès : C’est le point fort de cette technique. Elle permet d’isoler des espaces où la pose d’isolants en panneaux ou en rouleaux serait impossible ou nécessiterait des travaux de démolition importants (murs creux, vides derrière des cloisons existantes).
- Rapidité d’exécution et chantier propre : L’intervention est généralement rapide et génère peu de déchets et de nuisances par rapport à des travaux d’isolation traditionnels. Les trous percés sont de faible diamètre et facilement rebouchés.
- Préservation de l’espace habitable et de l’aspect extérieur : L’isolant étant injecté dans une cavité existante, il n’y a aucune perte de surface habitable à l’intérieur, et dans la plupart des cas, l’aspect de la façade est préservé une fois les trous rebouchés avec soin.
- Bonne tenue dans le temps : Certains isolants injectés, comme les billes de polystyrène liées, ne se tassent pas avec le temps et conservent leurs performances sur le long terme. Ils peuvent également contribuer à une meilleure gestion de l’humidité dans certains cas, en fonction du matériau choisi et de la perméabilité des parois.
- Amélioration acoustique : Selon l’isolant utilisé, l’injection peut également apporter un gain en termes d’isolation acoustique, réduisant la transmission des bruits aériens.
Les inconvénients de l'isolation par injection
Malgré ses nombreux avantages, l’isolation par injection présente plusieurs contraintes techniques et économiques à prendre en compte.
Cette opération suppose l’existence d’une cavité d’au moins 4 à 5 centimètres d’épaisseur, continue et accessible. En l’absence de cet espace, cette technique n’est pas envisageable, car elle ne permet pas de créer une isolation là où il n’y a rien à combler.
Le contrôle de la qualité du remplissage constitue également une difficulté. Bien que les professionnels disposent de méthodes pour assurer une répartition homogène, il reste difficile de garantir à 100 % que tous les recoins ont été atteints, surtout en présence d’obstacles dans la cavité. Une mise en œuvre imparfaite peut laisser subsister des ponts thermiques, nuisant à la performance globale.
Par ailleurs, cette méthode peut s’avérer plus coûteuse au mètre carré comparée à d’autres, comme le soufflage dans des combles perdus. Cette différence s’explique par la technicité de l’intervention et les équipements spécifiques requis.
L’état des parois joue également un rôle déterminant. La présence de fissures importantes, de remontées capillaires ou d’une façade imperméable à la vapeur d’eau peut rendre l’opération inadaptée, voire risquée. Une inspection préalable par un professionnel est alors indispensable.
Le choix du matériau isolant est un autre facteur clé. Tous ne se valent pas en termes de performance, de durabilité, d’impact environnemental ou de comportement au feu. Certaines mousses de polyuréthane, par exemple, peuvent émettre des gaz toxiques en cas d’incendie. Il convient donc d’opter pour des produits certifiés, adaptés aux caractéristiques du bâtiment et aux exigences du projet.
Enfin, l’isolation par injection ne relève pas du bricolage. Elle nécessite l’intervention de professionnels qualifiés disposant du savoir-faire et des équipements nécessaires pour garantir l’efficacité, la durabilité et la sécurité du dispositif.
Quel est le prix de l’isolation par injection ?
Le coût d’une isolation par injection peut varier considérablement en fonction de plusieurs facteurs. Il est donc difficile de donner un prix unique, mais on peut établir une fourchette indicative.
En moyenne, il faut compter entre 20 € et 70 € par mètre carré isolé, pose incluse. Certains professionnels affinent cette estimation entre 30 € et 40 €/m² spécifiquement pour l’injection dans les murs creux avec des billes de polystyrène.
Les principaux éléments qui influencent le prix sont :
- Le type d’isolant utilisé.
- L’épaisseur de la cavité à remplir.
- La surface totale à isoler.
- L’accessibilité du chantier.
- La nature et l’état des parois.
- La complexité de la mise en œuvre.
- La région géographique et le professionnel choisi.
Malgré un coût initial qui peut sembler important, il est essentiel de considérer l’isolation par injection comme un investissement. Les économies réalisées sur les factures de chauffage et de climatisation permettent généralement d’amortir le coût des travaux sur plusieurs années, tout en améliorant significativement le confort et la valeur du bien immobilier.