Au premier trimestre 2025, la puissance solaire installée en France a atteint 26,8 GW, illustrant une dynamique sans précédent pour les énergies renouvelables. Dans cette transition énergétique en pleine accélération, une opportunité économique et écologique se dessine pour les propriétaires de grandes surfaces de toit : la location de toiture photovoltaïque.
Plutôt que d’investir soi-même, il est possible de mettre son toit à disposition d’un tiers investisseur qui y exploitera une centrale solaire. Ce modèle, encore méconnu du grand public, transforme un espace passif en une source de revenus réguliers, sans aucun investissement initial. Mais comment cela fonctionne concrètement et est-ce vraiment rentable ?
Comment fonctionne la location de toiture photovoltaïque ?

Le principe de la location de toiture pour l’installation de panneaux photovoltaïques est simple. D’un côté, un propriétaire (particulier, entreprise, agriculteur) dispose d’une surface de toit inutilisée. En face, un investisseur ou un développeur solaire (l’exploitant) recherche un emplacement optimal pour produire et vendre de l’électricité verte.
La location établit un pont entre ces deux acteurs. Le propriétaire cède alors un droit d’usage de sa toiture pour une durée de 20 à 30 ans, en échange d’un loyer annuel.
De son côté, l’exploitant prend en charge l’ensemble du projet :
- Etudes de faisabilité.
- Démarches administratives.
- Financement.
- Installation de la centrale solaire.
- Maintenance.
- Assurance.
L’électricité produite est ensuite injectée et vendue sur le réseau public. Le propriétaire n’a donc ni frais à supporter, ni compétences techniques à acquérir. Sa seule responsabilité est de garantir l’accès au toit pour les opérations d’installation et l’entretien.
Pour être viable, le projet doit répondre à plusieurs critères. L’exploitant privilégie une surface importante, souvent supérieure à 100 m², voire plus sur les bâtiments industriels ou agricoles. L’orientation idéale est plein sud, sud-est ou sud-ouest, avec une inclinaison d’environ 30 degrés. L’absence d’ombres portées (arbres, cheminées, bâtiments voisins) est également essentielle, tout comme la solidité de la charpente et l’étanchéité du toit.
Il est enfin important de distinguer ce modèle de l’autoconsommation avec vente de surplus. Dans ce dernier cas, le propriétaire investit lui-même dans les panneaux pour produire et consommer sa propre électricité, en vendant éventuellement l’excédent. Dans le cadre d’une location, il reste simple bailleur. Il ne consomme pas l’énergie produite et son bénéfice se limite au loyer perçu, décorrélé de la performance de la centrale ou du prix de l’électricité.
Combien rapporte la location d’une toiture photovoltaïque ?
La rentabilité constitue l’argument majeur de la location d’une toiture. Les loyers versés aux propriétaires sont stables, prévisibles et ne nécessitent aucune gestion. Le tarif s’exprime généralement en euros par mètre carré et par an (€/m²/an). Il varie selon plusieurs critères, notamment la localisation, la qualité de la toiture et les contraintes techniques. Ainsi, une toiture située dans le sud de la France, bénéficiant d’un fort ensoleillement, se louera plus cher qu’une surface équivalente dans le nord.
En moyenne, le marché propose un loyer compris entre 5 et 15 €/m²/an pour une toiture de taille standard. Pour les très grandes surfaces, comme les hangars agricoles ou les entrepôts dépassant 1 000 m², le tarif peut être ajusté en fonction du volume global du projet. La facilité d’accès et la complexité du raccordement au réseau électrique influencent aussi le montant proposé par l’investisseur.
Prenons l’exemple d’un particulier disposant de 150 m² exploitables. Avec un tarif moyen de 10 €/m²/an, il peut percevoir 1 500 € de loyer par an.
Sur un bail de 30 ans, cela représente 45 000 € de revenus passifs, hors éventuelle indexation prévue au contrat.
Dans certains cas, notamment lors de la construction ou de la rénovation d’une toiture, l’exploitant peut proposer une prise en charge partielle ou totale des travaux (désamiantage, renforcement, étanchéité). En contrepartie, le loyer sera nul ou réduit pendant les premières années. Pour les propriétaires concernés, l’intérêt réside alors moins dans un revenu direct que dans une économie substantielle sur des travaux obligatoires.
Par ailleurs, un contrat photovoltaïque expire généralement après 20 ans. Pour vous aider à mieux estimer la rentabilité d’une telle installation, comparez combien rapporte 1000 m2 de panneaux solaires et combien rapporte 10 000 m2 de panneaux solaires.
Aspects juridiques et contractuels
La location d’une toiture photovoltaïque est une démarche encadrée qui engage les deux parties sur le long terme. Avant toute signature, l’éligibilité du projet doit être validée sur les plans technique et réglementaire.
Le propriétaire doit s’assurer que le Plan Local d’Urbanisme (PLU) de sa commune autorise l’installation de panneaux solaires. Une déclaration préalable de travaux en mairie est généralement requise. L’exploitant, pour sa part, réalise une étude structurelle pour confirmer que la charpente peut supporter la charge supplémentaire des équipements. Le respect des normes de sécurité électrique, notamment la norme NF C 15-100, est impératif.
Le cœur de l’engagement repose sur le bail de location, le plus souvent emphytéotique ou à construction. Ces contrats de longue durée confèrent un droit réel sur le bien au preneur (l’exploitant) et fixent l’ensemble des droits et obligations de chaque partie. Le recours à un modèle rédigé par un professionnel est indispensable pour sécuriser la relation contractuelle.
En effet, certaines clauses nécessitent une vigilance particulière :
- Durée du bail : Elle est typiquement de 20 à 30 ans, correspondant à la durée de vie garantie des panneaux et aux contrats de vente d’électricité.
- Loyer et révision : Le contrat doit préciser le loyer annuel, la date de versement et les conditions de son indexation, souvent basées sur l’Indice des Loyers des Activités Tertiaires (ILAT).
- Responsabilités : La maintenance de la centrale, les réparations et l’assurance des panneaux incombent à l’exploitant, tandis que le propriétaire reste responsable du clos et du couvert de son bâtiment.
- Droits d’accès : Les modalités d’accès à la toiture pour l’exploitant doivent être spécifiées pour ne pas perturber l’activité du propriétaire.
- Clause de démantèlement : Une clause essentielle doit prévoir l’obligation pour l’exploitant de démonter les installations à ses frais à la fin du bail et de remettre la toiture dans son état initial.
- Assurances : L’exploitant doit souscrire une assurance responsabilité civile couvrant tout dommage causé par l’installation.
Les avantages et les inconvénients de la location de toiture photovoltaïque

La location de toiture photovoltaïque présente un bilan contrasté, avec des atouts et des contraintes qu’il convient d’évaluer attentivement, à l’instar des avantages et inconvénients des panneaux photovoltaïques eux-mêmes.
Pour le propriétaire, le principal avantage réside dans la création d’un revenu passif et régulier sans investissement, valorisant une toiture inutilisée. Si le toit est vieillissant, la prise en charge de la rénovation par l’exploitant représente une économie significative. De plus, le propriétaire contribue concrètement à la transition énergétique sans en supporter le coût.
Cependant, l’engagement est de longue durée. La vente d’un bien avec une toiture louée pour 25 ans peut se révéler complexe si le nouvel acquéreur se montre réticent. Le propriétaire perd également la possibilité d’utiliser sa toiture à d’autres fins. Enfin, l’aspect esthétique des panneaux peut constituer un inconvénient pour certains.
Du côté de l’exploitant, la location de toitures permet de déployer des centrales solaires sans investir dans le foncier, réduisant ainsi le capital de départ et facilitant la multiplication des projets. Elle offre aussi un flux de revenus stable grâce à la vente d’électricité sur le long terme.
En revanche, le principal défi consiste à identifier des toitures répondant à tous les critères techniques et administratifs. L’exploitant assume l’intégralité du risque financier lié à l’investissement et à la rentabilité de la centrale, dépendant des tarifs de rachat de l’électricité et des conditions météorologiques. Par ailleurs, la gestion d’un parc de toitures dispersées complique la maintenance et la logistique.