En période de canicule, la température intérieure de nombreux commerces peut dépasser 35°C, selon les données de Météo-France – un seuil qui met en péril à la fois la santé des salariés et le confort des clients.
Dans ce contexte, la climatisation pour magasin n’est plus un simple atout de confort : elle devient un impératif stratégique, voire réglementaire. Le Code du travail impose en effet à l’employeur de garantir la sécurité et le bien-être thermique de ses employés, tandis que la réglementation énergétique encadre l’usage et l’entretien des systèmes de climatisation.
De la fermeture obligatoire des portes à la maintenance des fluides frigorigènes, chaque détail compte. Découvrez les obligations légales, les meilleures solutions techniques et le budget à prévoir pour équiper durablement votre point de vente.
Est-il obligatoire pour un magasin d’avoir une climatisation ?
L’obligation d’installer un système de rafraîchissement ne découle pas d’un texte unique exigeant un climatiseur dans tous les espaces commerciaux. La contrainte est indirecte, et double.
D’une part, le Code du travail impose à l’employeur de prendre les mesures nécessaires pour assurer la sécurité et protéger la santé physique de ses salariés. Cela inclut notamment la lutte contre les risques liés aux fortes chaleurs et la garantie d’une ventilation adéquate.
D’autre part, la compétitivité commerciale dans un contexte de canicule rend l’absence de climatisation de magasin économiquement insoutenable. Si légalement l’appareil n’est pas requis, l’environnement de travail et l’attractivité du point de vente le rendent, de fait, indispensable.
Réglementation sur la climatisation dans un magasin
Avant d’envisager toute installation d’une climatisation dans un local commercial, le gérant doit connaître les trois principaux axes de la réglementation de la climatisation de magasin. Ces lois visent à la fois la performance énergétique globale, l’utilisation des fluides frigorigènes et le confort des usagers sans gaspillage.
Loi sur les portes ouvertes et la climatisation
Depuis 2022, le principe de la porte ouverte est interdit pour les commerces climatisés. L’obligation de fermer les portes et fenêtres lors du fonctionnement du chauffage ou de la climatisation est imposée par le décret n°2022-1295 du 5 octobre 2022. Cela s’applique aux établissements tertiaires, tels que les commerces.
Cette loi sur la climatisation de magasin vise à empêcher les déperditions thermiques massives et le gaspillage d’énergie. Les maires et préfets ont la possibilité de sanctionner directement les infractions, avec des amendes pouvant s’élever à 750 euros.
Normes environnementales et entretien obligatoire
Les systèmes de climatisation sont concernés par la réglementation européenne F-Gas (UE n°517/2014) relative aux gaz à effet de serre fluorés. Celle-ci impose des contrôles d’étanchéité réguliers du circuit frigorifique, dont la fréquence dépend de la charge de fluide du système.
Pour toute installation contenant plus de 2 kilogrammes de fluide frigorigène (ou l’équivalent de 5 tonnes de CO2), une vérification annuelle est obligatoire. Celle-ci doit être réalisée par un professionnel certifié. Le respect strict de cette maintenance obligatoire garantit non seulement la légalité, mais aussi la longévité de l’équipement et sa performance énergétique optimale.
Température maximale imposée
Contrairement au chauffage (où la température ne doit pas dépasser 19°C dans le tertiaire), aucune température maximale n’est imposée pour le refroidissement des locaux recevant du public.
Par contre, la réglementation sur la climatisation de magasin s’articule autour du bon sens et de l’efficacité. Via l’article R. 241-30 du Code de l’énergie, il est interdit de faire fonctionner la climatisation dans les locaux publics ou les entreprises en dessous de 26°C. Ce seuil permet d’assurer un confort thermique sans générer un choc ni un surrégime coûteux et inefficace pour la machine.
Les différents types de climatisation pour magasin
Le choix d’un système de climatisation pour magasin dépend crucialement de la superficie de l’espace, de sa configuration et des contraintes esthétiques imposées par l’activité commerciale. Une évaluation technique permet de déterminer la solution la plus pérenne et la plus efficace en termes de consommation.
Climatisation monosplit, multisplit ou gainable
Composé d’une unité extérieure et d’une unité intérieure, le système monosplit est idéal pour les petites boutiques ayant besoin de rafraîchir un seul espace de vente (moins de 50 m²).
Le multisplit, quant à lui, permet de raccorder jusqu’à cinq unités intérieures à un seul groupe extérieur, offrant une flexibilité pour les magasins de taille moyenne.
La climatisation gainable constitue la solution la plus discrète et esthétique pour les locaux de toute taille. En effet, elle distribue l’air frais par des bouches invisibles intégrées dans un faux-plafond, préservant l’harmonie du lieu.
Climatisation réversible
Un système de climatisation réversible (pompe à chaleur air-air) est une option de choix pour améliorer significativement le Diagnostic de Performance Énergétique (DPE) du local. Ce dispositif extrait la chaleur de l’air ambiant en été pour la rejeter à l’extérieur, et inverse le cycle en hiver pour fournir du chauffage.
Son coefficient de performance saisonnier (SCOP) élevé garantit des économies substantielles. Pour 1 kWh d’électricité consommé, il peut restituer jusqu’à 4 kWh de chaleur, le rendant quatre fois plus efficace qu’un chauffage électrique classique en hiver.
Climatisation centralisée pour grandes surfaces
Pour les magasins de grande surface (au-delà de 300 à 500 m²) comme les supermarchés ou les grands magasins spécialisés, divers choix existent. Citons entre autres les systèmes centralisés de type RoofTop ou VRV (Volume de Réfrigérant Variable).
Souvent installé sur le toit pour gagner de l’espace, le RoofTop est un monobloc puissant qui gère le traitement de l’air (chauffage, refroidissement, ventilation). Plus sophistiqué, le système VRV permet de moduler précisément la puissance de refroidissement dans chaque zone de vente avec une gestion individualisée des unités intérieures.
Vous envisagiez d’installer une climatisation à eau perdue ? Découvrez les règles qui encadrent l’interdiction de climatisation à eau perdue.
Combien de climatisation doit avoir un magasin ?
En règle générale, la nécessité pour un magasin varie entre 100 W/ m² et 150 W/ m² pour les espaces à forte charge thermique. Par exemple, un magasin de 100 m² nécessitera une puissance minimale de 10 kW.
- Jusqu’à 50 m² : un monosplit de 2,5 à 3,5 kW suffit.
- De 50 à 150 m² : un système multisplit avec deux ou trois unités intérieures est recommandé.
- Au-delà de 200 m² : il est préférable d’opter pour une solution gainable ou centralisée.
Néanmoins, ce calcul doit être ajusté en fonction de multiples facteurs, en tenant compte par exemple de :
- La présence de vitrines exposées.
- La hauteur sous plafond.
- Le niveau d’isolation des murs.
- Le nombre d’occupants réguliers.
Cela permet d’éviter tout sous-dimensionnement coûteux et inefficace.
Quel est le prix d’une climatisation pour magasin ?
Investir dans une climatisation pour magasin performante représente un coût initial conséquent. Toutefois, cela est rapidement amorti par les économies d’énergie et l’amélioration de l’attractivité commerciale. L’évaluation du budget doit tenir compte du matériel, de l’installation et des frais de fonctionnement à long terme.
Coût du matériel et de la pose
Le prix d’un climatiseur monosplit se situe entre 1 500 et 3 000 €, pose comprise. Un système multisplit coûte en moyenne de 3 000 à 7 000 € selon le nombre d’unités.
Pour les installations gainables ou centralisées, le budget peut atteindre 10 000 à 25 000 €. Ces montants incluent la main-d’œuvre, le matériel, et la mise en service par un technicien certifié.
Le prix varie fortement selon la technologie choisie :
- Un système gainable, nécessitant un réseau de conduits et des travaux de faux-plafond plus importants, sera intrinsèquement plus onéreux à la pose.
- Un simple système multisplit, dont l’installation est plus rapide et moins intrusive sur la structure existante du local commercial.
Estimation selon la surface du local
Un magasin de petite surface (50 m²), équipé d’une climatisation monosplit de 5 kW, peut s’attendre à un coût entre 1 500 et 3 000 €.
Pour un magasin de 100 m², le prix d’une climatisation oscille généralement entre 4 000 et 6 000 €.
Toutefois, l’installation d’une solution de climatisation pour magasin de 200 m² avec un système multisplit ou VRV nécessitant 25 kW de puissance, aura un budget pouvant aller jusqu’à 20 000 €, sans compter les travaux d’adaptation du bâti.
Quant aux magasins de plus de 500 m², il est préférable de prévoir au-delà de 20 000 € avec système centralisé.
Entretien et consommation annuelle
Les frais d’exploitation annuels se divisent entre la maintenance obligatoire et la consommation électrique. Le contrat d’entretien, indispensable pour respecter la réglementation sur la climatisation de magasin, coûte entre 150 € et 400 € par an, selon la complexité du système.
En matière de consommation, l’impact dépend directement du coefficient de performance énergétique saisonnier (SEER). Plus celui-ci est élevé (ex : SEER > 7), plus les coûts de fonctionnement seront maîtrisés, réduisant le coût électrique annuel de plusieurs centaines d’euros.
Quelles aides pour l’installation d’une climatisation dans un magasin ?
L’installation ou le remplacement d’un système de climatisation par une pompe à chaleur réversible à haute performance énergétique (PAC air-air) peut être éligible aux Certificats d’Économie d’Énergie (CEE).
Il en va de même pour l’installation d’une pompe à chaleur air-eau par l’intermédiaire de la fiche BAR-TH-171. Ce dispositif permet aux fournisseurs d’énergie de financer une partie des travaux en échange de la valorisation des économies d’énergie générées.
Par ailleurs, certaines régions ou intercommunalités proposent des subventions spécifiques pour la rénovation énergétique des locaux professionnels, notamment pour les TPE/PME. Il est important de déposer le dossier de demande d’aide CEE avant la signature du devis pour garantir son éligibilité.